Ils seraient quelque 300 000 en France. Des enfants élevés par des familles homoparentales, issus de précédentes unions hétérosexuelles, fruits d'adoptions, d'aide médicale à la procréation ou de projets de vie partagés avec des ami(e)s de l'autre sexe. Il aura fallu attendre 1982, et l'arrivée des socialistes au pouvoir, pour que l'homosexualité soit dépénalisée. Pour que les parents de ces enfants, en quelque sorte, commencent d'exister. Alors qu'aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne des études scientifiques examinaient dès les années 70 l'impact de l'éducation des enfants dans une famille " atypique ", tentant d'évaluer leur développement psychique, leur identité sexuelle, leur sociabilité..., dans l'Hexagone rien n'était fait. L'occasion de justifier le refus d'adoption aux couples homos, de dénier à l'un d'eux le statut de parent social.
Mais sous l'impulsion des associations, grâce aux combats menés par les familles, fort de la multiplication des travaux des sociologues, le débat a commencé d'irriguer la société. Et puis les enfants ont grandi, désormais prêts à parler de leur vie. Lola, Léo, Nicolas et Géraldine (1) le font face à la caméra de Jean-Pascal Hattu. Ils évoquent les faits marquants de leur enfance, de leur adolescence, les rapports avec leurs proches, avec leurs amis, sur leur " lieu de travail ". Jugement excluant des autres, insultes des petits copains de collège, place du père, volonté de " normalité "... ils effeuillent avec une extrême maturité le passé. Souffrant d'un montage parfois trop morcelé, le film recèle pourtant d'intenses fragments de vie, grâce au regard aigu du réalisateur.
(1) A propos de cette dernière : Maman, Mamour, ses deux mamans, de Brigitte Célier, éd. Anne Carrière, 2008.
Marie Cailletet (Télérama n° 3083)

Niveau d'autorisation : 0

Langue : Français

Durée : 65 min

Public : Tous publics

Genre : Documentaire